“Il n’y a pas de vassalité heureuse” : le Président Macron appuie l’urgence d’un nuage européen souverain

Un constat lucide : l’Europe a trop longtemps délégué ses infrastructures critiques

Je me réjouis de voir le Président Macron s’exprimer avec tant de clarté et de conviction sur la nécessité d’une souveraineté numérique européenne. Le Président a prononcé des mots forts qui résonnent profondément avec le combat que nous menons depuis des années chez Clever Cloud. Je salue particulièrement sa lucidité lorsqu’il reconnaît dans son discours que « Nous avons fait, je pense, une erreur très profonde de ne pas avoir un vrai cloud européen. Et d’ailleurs, nous devons nous réatteler à cette tâche. » Cette prise de conscience au plus haut niveau de l’État constitue un signal fort pour tous les acteurs du numérique européen. Cependant, plus que nous réateller à la tâche, c’est la vision Européenne de ce qu’est un cloud qu’il faut revoir. S’il s’agissait seulement d’infrastructure, les géants du cloud s’appelaient AOL et Verizon. Mais aujourd’hui, les hyperscalers sont Microsoft, Google et Amazon, des entreprises où le logiciel est au centre. Les Américains l’ont bien compris, et il est capital que ce soit le cas en Europe aussi : le cloud, ce n’est pas que des serveurs, c’est aussi et surtout du logiciel.

Le Président a également souligné avec justesse qu’« il était tellement confortable d’être main dans la main avec les Américains », mais que « Nous ne pouvons pas dépendre de quelques entreprises américaines pour avoir un véritable cloud. Parce qu’il en va aussi de l’intérêt général européen. C’est une nécessité. » Sa formule “il n’y a pas de vassalité heureuse” doit devenir notre leitmotiv dans la construction d’une Europe technologiquement indépendante et souveraine.

Cette déclaration s’inscrit parfaitement dans la continuité de la signature du contrat de la filière « logiciels et solutions numériques de confiance », adoptée par Philippe Baptiste, Marc Ferracci, Clara Chappaz et Michel Paulin, dont les objectifs sont de promouvoir le développement d’infrastructures numériques souveraines, de renforcer la formation en matière de numérique de confiance, et de créer de la valeur et favoriser l’innovation à l’échelle française.

La guerre du cloud n’est pas perdue, elle commence à peine

Contrairement à ce que beaucoup affirment aujourd’hui, la guerre du cloud n’est pas perdue pour l’Europe. Elle ne fait que commencer, et la déclaration du Président Macron le rappelle avec force. Certes, les géants américains ont pris une avance considérable, mais l’histoire des technologies nous montre que rien n’est jamais définitivement acquis.

Il est crucial d’ajouter une nuance essentielle : les compétences, les technologies et les solutions cloud européennes existent déjà. Il ne s’agit pas de tout reconstruire ex nihilo, mais bien de mieux valoriser, mieux soutenir, mieux coordonner. Des acteurs solides, innovants et engagés œuvrent déjà chaque jour pour proposer une alternative crédible aux solutions extra-européennes.
Les nouveaux enjeux liés à la souveraineté des données, à la cybersécurité et à l’autonomie stratégique ouvrent une nouvelle phase dans cette bataille technologique. L’Europe a toutes les cartes en main – talents, infrastructures, logiciels, marchés – pour construire une alternative crédible et souveraine, à condition d’y croire collectivement et de s’en donner les moyens.

Un plan d’action pour concrétiser cette ambition

Le Président Macron l’a affirmé : « C’est un réveil stratégique. Nous devons donc retrouver partout, dans tous les segments de la recherche et de notre industrie, cette autonomie stratégique qui est indispensable. »

Pour concrétiser cette vision en réalité, il est impératif de bénéficier :

Clever Cloud déjà engagé dans la construction d’un cloud souverain européen

Chez Clever Cloud, nous ne nous sommes pas contentés d’attendre ce réveil stratégique, nous nous sommes engagés à en être les artisans, depuis plusieurs années, avec de nombreux membres de l’écosystème. Nous contribuons activement à de nombreuses initiatives collaboratives européennes comme CollabNext et Hyper Open X. Nous travaillons également à l’émergence de solutions européennes tant au niveau logiciel que matériel à travers de récents appels à projets que nous avons lancés.

L’appel de la Sorbonne doit devenir un agenda européen contraignant

Ce discours ne doit pas simplement être un nouveau moment de communication. Il doit inaugurer une décennie d’actions coordonnées pour garantir que notre recherche, nos données et notre innovation soient hébergées, traitées et gouvernées en Europe. Pas à Seattle, pas à Palo Alto, pas à Shanghai. Dans l’IA, dans le cloud, dans l’archivage du code, l’Europe doit être actrice, pas spectatrice. Elle doit financer ses propres laboratoires d’excellence, ses startups, ses supercalculateurs, et surtout ses communs numériques.

La France a tous les atouts pour jouer un rôle moteur dans cette dynamique européenne. Le moment est venu de passer des paroles aux actes, en alignant nos politiques publiques sur cette ambition forte exprimée par le président de la République.
Nous sommes nombreux à être prêts à prendre toute notre part dans ce combat. Mais il faut que l’Europe passe enfin à l’action.

Quentin Adam, CEO – Clever Cloud